Diagnostic biologique de l’infection respiratoire à Legionella pneumophila

Y.K. SOUAMI1,2, S. TAGHIT-MAHI2,3, M. HASNI4, H. AMARI1,2, S. GUETTOUCHE4, D. YALA1,2, M. GHAFFOUR1,2 1 : Laboratoire central.CHU Beni Messous. Alger .kahinasouami@gmail.com 2 : Faculté de Médecine d’Alger. Université d’Alger 1. 3 : Service de pneumologie. CHU Mustapha.
4 : Faculté de géologie et d’aménagement du territoire

{{ Math.ceil(time['minutes']) }} min read / 0 Commentaires / 360 Vues / Publié le 2019-11-06

Legionella pneumophila est la deuxième cause de pneumonies sévères, responsable d’un taux de
létalité élevé de 10% qui peut aller jusqu’à 27% si le traitement antibiotique ciblé anti-Legionella n’est
pas administré à temps. Bactérie de l’environnement, elle cause une infection respiratoire opportuniste
d’évolution rapide. La non spécificité de la symptomatologie est le point critique de son diagnostic. Sa
présomption est basée sur l’association à une pneumonie des signes extra-respiratoires essentiellement
neurologique (encéphalopathie) et digestifs avec des perturbations biologiques (CRP supérieure à
180mg/l, élévation modérée des transaminases, hyponatrémie profonde moins de 130 mEq/l, hypophosphatémie
transitoire, augmentation de LDH,..) avec une notion d’activité exposant à Lp durant les
14 jours avant le début de l’infection tel un déplacement dans une zone favorable à la multiplication
et l’aérosolisation de Legionella pneumophila. Ces derniers nous ont permis d’établir une carte de
risque dans la Mitidja. Vu la gravité de l’infection qu’elle cause, son diagnostic doit être rapide et
de certitude afin d’instaurer au plus tôt une antibiothérapie ciblée anti-Legionella. Son diagnostic est
basé uniquement sur des critères microbiologiques pour classer les cas en cas confirmés et en cas
probables selon les tests réalisés. Le gold standard est la culture : peu sensible (10-80%) malgré sa
bonne spécificité (90-100%), lente (10 jours pour répondre, colonies en aspect verre fritté observées
uniquement à la loupe binoculaire apparaissent au bout de 3-5 j), exige des milieux spécifiques à
base de BCYE (milieux enrichis en L-cystéine et en fer qu’elle exige) et une expertise. Elle permet le
diagnostic de certitude et d’isoler les souches infectantes pour les typer en particulier. La recherche
des antigènes urinaires est sensible (68-84%) et spécifique (99%) et se fait par plusieurs méthodes : la
méthode immunochromatographique permet une réponse rapide et de certitude mais reste limitée au
serogroupe 1 (le serogroupe le plus fréquent). Son association avec une méthode plus sensible par immuno-
enzymatique à la recherche des antigènes solubles est nécessaire ainsi qu’un pré-traitement des
échantillons urinaires pour améliorer les performances des tests. D’autres méthodes de recherche des
antigènes solubles sont disponibles dans le commerce ex : antigénurie par méthode immunofluorescence,
le rajout d’un lecteur des bandes réactives des cartes d’immunochromatographie, l’association
sur une même carte d’immunochromatographie la recherche simultanée de Legionella pneumophila
et de Streptococcus pneumoniae. La négativité de l’antigènurie n’exclut pas le diagnostic d’infection
à Legionella pneumophila qui a 16 sérogroupes. Le LPS est excrété durant deux mois à un an après
un contact avec Lp. Contrairement à la culture, l’antibiothérapie n’a pas d’impact sur la positivité de
l’antigénurie. La recherche des fragments d’ADN, est rapide, adaptée à l’urgence, sensible et spécifique
et réalisé par PCR en temps réel ou par la méthode LAMP. La PCR en temps réel a une sensibilité
de 80-100% et une spécificité de plus 90% sur les prélèvements respiratoires. Elle cible les gènes «
16sRNA » et « mip » pour rechercher l’espèce Legionella pneumophila et «wzm » pour son sérogroupe
1 (le plus fréquent) selon les recommandations européennes. Il est possible de cibler d’autres gènes
selon l’épidémiologie locale pour répondre rapidement selon les types des souches circulantes les plus
fréquentes. Vu les réactions croisées, le raccordement de contrôle qualité externe et le respect strict
des bonnes pratiques sont recommandées. La recherche d’ADN permet le diagnostic sans limite de
sérogroupe et d’espèce comme la culture et contrairement à l’antigénurie. Contrairement à la culture
et à l’antignruie serogroupe 1, la recherche de DNA n’est un un critère confirmé de legionellose, il est
probable. La sérologie a peu d’intérêt dans le diagnostic car elle nécessite une paire de sérum séparé
de 4 semaines pour mettre en évidence une séroconversion (augmentation de 4 x) et, le résultat sur
le premier prélèvement doit avoir un titre minimal de 1/256. Elle est réservée aux études épidémiologiques.
La méthode immuno-enzymatique est utilisée en screening pour confirmer les résultats par
méthode immunofluorescence indirecte vu les réactions croisées. Elle se heurte aux non répondants et
doit associer les trois Ig (A,M et G). L’immunofluorescence directe sur des prélèvements respiratoires
est peu utilisée. Il est impératif d’associer au moins deux techniques réalisées sur deux prélèvements
de nature différentes pour améliorer les performances du laboratoire, afin de pallier aux limites des
méthodes diagnostiques ex antigénurie et culture, antigénurie et PCR

Diagnostic biologique de l’infection respiratoire à Legionella pneumophila

AUTEUR

Dr. SOUAMI Kahina

Médecin biologiste Laboratoire central de CHU Beni Messous. Maitre-assistant à la faculté de Médecine d’Alger.

Association des Laboratoires d'Analyses Médicales

hôtel el aurassi, alger , 2019-10-11 jusqu'a 2019-10-12

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