Les infections materno-foetales virales à Cytomégalovirus

Diagnostic, prise en charge et rôle du biologiste.
Dr Yahia MEKKI Biologiste médical
Praticien Hospitalier Virologue-Expert
CHU-Hospices Civils de Lyon

{{ Math.ceil(time['minutes']) }} min read / 0 Commentaires / 305 Vues / Publié le 2019-11-06

Pendant la grossesse, le système immunitaire maternel atténue sa réponse inflammatoire afin de permettre
une tolérance envers les antigènes foetaux.
En contrepartie, il existe un risque augmenté d’infections à certains agents pathogènes qui peuvent
entraîner des complications maternelles ou foetales.
Le mode de découverte en cours de grossesse, d’une infection à risque de
transmission congénitale varie en fonction du germe.
Pour les infections inscrites dans un programme de dépistage prénatal obligatoire
(toxoplasmose, rubéole), le diagnostic est très souvent, effectué sur une sérologie systématique. Certaines
infections sont diagnostiquées devant l’apparition de signes cliniques évocateurs ou en cas de
contage familial ou professionnel. Enfin, certains germes sont à risque d’embryo-foetopathies sévères
et sont, le plus souvent, découverts sur signes d’appel échographiques, tels que le Cytomégalovirus et
le Parvovirus B19 sont les virus les plus fréquemment recherchés chez le foetus.
Parmi les virus recherchés chez le foetus, le virus de la rubéole est, actuellement, le seul pour lequel
des recommandations de dépistage systématique et de surveillance en cas de séronégativité chez la
femme enceinte existent.
En 2015, 4611 examens virologiques ont été effectués chez 2791 foetus, plusieurs examens pouvant
être effectués chez un même foetus. Ces examens ont le plus souvent été réalisés devant des signes
d’appel échographiques associés ou non à une séroconversion maternelle (92,4%).En cas d’examen
positif chez le foetus, une IMG semblait plus fréquemment réalisée en cas de signes d’appel échographiques.
Il est à noter que le nombre d’issues inconnues de grossesses pour lesquelles un examen
est revenu positif était important dans les deux situations analysées (séroconversion maternelle seule ;
signes d’appel échographiques +/- séroconversion maternelle). Le nombre d’IMG réalisées à la suite
d’un examen positif dans ce rapport d’activité est donc sous-estimé. La présence confirmée du CMV
dans le liquide amniotique sur SAE s’accompagne d’une décision d’IMG dans près de 60% des cas.
L’activité de virologie prénatale reste globalement très stable au fil des années. La présence de virus a
été détectée chez 122 foetus (1 pour 6458 naissances) le plus souvent pour le CMV (85% des positifs).
Le CMV est un virus ubiquitaire contre lequel il n’existe pas de vaccin disponible en 2018. Les infections
à CMV surviennent à tout âge mais particulièrement dans la toute petite enfance La séroprévalence
de l’infection à CMV dans l’ensemble de la population varie de 40% à 100% selon les pays, et
donc selon l’origine géographique des personnes vivant en France. Le virus est présent dans les muqueuses
et les tissus, secrétions ou excrétions des personnes infectées. En France métropolitaine, près
de la moitié des femmes en âge de procréer (45,6%) ont été infectées par le CMV au cours de leur
vie. Lors d’une primo-infection ou d’une infection secondaire par le CMV, le virus est excrété dans les
larmes, les urines, la salive, le lait maternel, les secrétions endocervicales et le sperme (à l’origine des
transmissions sexuelles). L’infection à CMV est souvent asymptomatique ou sans gravité chez l’enfant
ou l’adulte non immunodéprimé, mais grave chez la femme enceinte par l’atteinte potentielle de son
foetus ; elle constitue à l’heure actuelle la plus fréquente des infections virales materno-foetales responsables
de handicap (surdité) ou de décès néo-natal. Les infections congénitales à CMV surviennent
après primo-infection maternelle (PIM) ou après infection secondaire
Le rôle du biologiste médical dans le diagnostic des infections virales materno-foetales à CMV est primordial
et prépondérant pour la prise en charge et le suivi des femmes enceintes et de leurs foetus par
les Gynéco-Obstétriciens. Le biologiste a une grande responsabilité pour le choix des meilleurs tests
de sérologies virales, et de calcul de l’index d’avidité des IgG en se basant sur leur meilleur sensibilité
et spécificité. L’apport et la mise en place du diagnostic de ses infections par la biologie moléculaire
(PCR/RT-PCR) constituent une révolution et une avancée extraordinaire pour le diagnostic d’infection à
risque d’embryo-foetopathie chez les patientes qui seront adressées dans un Centre Pluridisciplinaire
de Diagnostic Prénatal(CPDPN), dont l’équipe médicale a pour objectifs d’affirmer la transmission
materno-foetale et le degré de gravité, de proposer un traitement s’il en existe et d’accompagner les
patientes dans ces situations qui restent très anxiogènes quel que soit le pronostic final.
Une vraie collaboration et solide coopération entre les biologistes cliniciens, les Anatomopathologistes
et les obstétriciens sont nécessaires pour réussir un diagnostic fiable, précis et rapide pour la
prise en charge des patientes et de leurs foetus.

Les infections materno-fœtales virales à Cytomégalovirus ; Diagnostic, Prise en charge et rôle du biologiste

AUTEUR

Pr. Yahia MEKKI

Biologiste Virologue CHU-Hospices Civils-Lyon

Association des Laboratoires d'Analyses Médicales

hôtel el aurassi, alger , 2019-10-11 jusqu'a 2019-10-12

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