Syndrome parkinsonien aigu révélant une encéphalite paranéoplasique à AC anti CV2/CRMP5
L. Megherbi, L. Lazib, O. Daf, H. Si Ahmed, N. Mesbahi, S. Daoudi
Service de neurologie, CHU de Tizi Ouzou, Algérie
Abstract :
Introduction :
Les syndromes neurologiques paranéoplasiques (SNP) avec présence d’anticorps anti-CV2 ou CRMP5 (collapsin response mediator protein 5) sont exceptionnels.
L’atteinte neurologique associée est le plus souvent mixte centrale et périphérique
Le cancer en cause est le cancer bronchique à petites cellules (CBPC) ou le thymome.
Intérêt de la question :
Une bonne connaissance des SNP permet un diagnostic et une prise en charge précoces de la pathologie néoplasique et par conséquent un meilleur pronostic.
Observation :
Nous rapportons le cas d’un patient âgé de 70 ans qui nous a été adressé pour prise en charge d’un syndrome parkinsonien akinéto-rigide d’installation aigue. Il avait pour antécédents un adénome de la prostate. A l’interrogatoire, nous avons retrouvé une notion de perte de poids de 6kg en un mois, anorexie et asthénie profonde.
L’examen neurologique était marqué par un syndrome parkinsonien avec tremblement de repos, bradykinésie, hypomimie et hypophonie et hypertonie prédominant à gauche. Les tests cognitifs ont révélé des troubles de la programmation du mouvement avec ralentissement de la vitesse de traitement de l’information. L’examen somatique retrouvait une dyspnée de repos et d’effort, respiration abdominale et un tirage sus sternal bilatéral.
Il n’y avait pas de trouble métabolique, ni de syndrome inflammatoire biologique. On retrouvait dans le liquide céphalorachidien(LCR) une hypercellularité (46EB/mm3) à prédominance lymphocytaire avec culture négative à 48h, une hyperprotéinorachie à 0,70 g/L ainsi que une présence de bandes oligoclonales avec synthèse intrathécale des IgG à l’immunoélectrophorèse du LCR. La recherche de toxiques dans les urines était négative. Les anticorps anti-neuronaux étaient positifs dans le sang pour les anticorps anti-CV2.
L’IRM cérébrale retrouvait un hypersignal T2 et FLAIR bilatéral de la tête du noyau caudé et la partie antérieure du noyau lenticulaire. Nous avons complété par un scanner thoraco-abdomino-pelvien qui était marqué par une condensation du 6eme arc costal gauche avec présence d’un nodule parenchymateux pulmonaire lobaire supérieur gauche associé à des adénomegalies médiastino-hilaire bilatérales. Un avis de l’équipe de pneumologie a été demandé et une biopsie transpariétale scanno-guidé du nodule parenchymateux pulmonaire était envisagée. L’état neurologique s’améliorait nettement après trois cures d’immunoglobulines polyvalentes, faites à un mois d’intervalle et le malade est adressé à sa sortie en pneumologie et oncologie pour complément de prise en charge.
Discussion :
Les syndromes neurologiques paranéoplasiques (SNP) sont rares (moins 1/10000 des cancers) et précèdent dans 75 % des cas le diagnostic d’une néoplasie.
Les anticorps anti-CV2 ou CRMP5 présents chez notre patient sont des anticorps onco-neuronaux liés à une protéine cible intracellulaire de 66 kDa des oligodendrocytes, décrite pour la première fois par l’équipe d’ Honnorat en 1996. (3)
Les anti-CV2 sont plutôt identifiés chez des patients de sexe masculin. (3)
Les symptômes neurologiques le plus souvent associés sont des neuropathies périphériques, l’ataxie cérébelleuse, névrite optique/uvéite, encéphalomyélite, encéphalite limbique, syndrome myasthénique et chorée (3) (4) (5) ; l’association à un syndrome parkinsonien n’a jamais été rapportée.
Les lésions neurologiques seraient causées par l’action cytotoxique de lymphocytes T infiltrant simultanément la tumeur et les cellules neuronales exprimant l’antigène. (2)
La présence d’anticorps anti-CV2 est fortement associée au CBPC et aux thymomes. (1)(3) (4)(5)
Conclusion :
Les syndromes neurologiques paranéoplasiques méritent d’être évoqués devant une symptomatologie neurologique atypique, surtout chez le sujet âgé.
La détection des anticorps anti-CV2 doit faire évoquer la présence d'un cancer occulte notamment le CBPC.
Ainsi le bilan étiologique doit être particulièrement exhaustif afin d’optimiser le pronostic qui est conditionné par la précocité du traitement anti-tumoral.
Références :
(1) J.Bouvet- Encéphalite paranéoplasique avec anticorps anti-SOX1 et anti-CV2 révélatrice d’un carcinome neuro-endocrine à petites cellules-2019.
(2) A. Zekeridou, anticorps antineuronaux : un domaine en plein développement, Rev Med Suisse 2013.
(3) Honnorat J, Antoine JC, Derrington E, et al Antibodies to a subpopulation of glial cells and a 66 kDa developmental protein in patients with paraneoplastic neurological syndromes. Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry 1996.
(4) Joubert B, Ducray F, Honnorat J. Focus on paraneoplastic neurological syndromes. La Lettre du Neurologue 2014.
(5) J.GOETZ, syndrome neurologique paranéoplasique, rencontres en immunologie et immunotherapies pratiques
L. Megherbi
Service de neurologie, CHU de Tizi Ouzou, Algérie
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