Épidémie de choléra en Algérie, Août-Septembre 2018 : expérience du laboratoire des Entérobactéries

D'après la conférence du Dr. Benamrouche Nabila
N. Benamrouche(1), C. Belkader(1), SS. Zemam(1), S. Sadat(1), DT. Boutaba(1), R. Belhadj(1),
F. Kias(1), S. Hamrouche(1), K. Saighi(2), A. Meftah(2), M. Yousfi(2), F. Zmit(3),
A. Zertal(3), F. Mechouet(4), S. Benadda(4), H. Letlout(5), S. Zouagui(6), A. Toua(7).

(1)Laboratoire des Entérobactéries et Autres Bactéries Apparentées, Institut Pasteur d’Algérie, Alger ;
(2)Service des Maladies Infectieuses, EPH de Boufarik, Blida ;
(3)Service des Maladies Infectieuses, EHS El Hadi Flici, Alger ;

(4)Laboratoire central, EHS El Hadi Flici, Alger ;

(5)Laboratoire d’hygiène de wilaya de Tipaza, Tipaza ;

(6)Laboratoire de microbiologie, CHU d’Oran, Oran ;

(7)Institut Pasteur d’Algérie, Oran.

{{ Math.ceil(time['minutes']) }} min read / 0 Commentaires / 315 Vues / Publié le 2019-07-15

Objectifs : durant l’été 2018, une épidémie de choléra est survenue dans les régions du nord et de l’ouest de l’Algérie. C’est la première épidémie enregistrée en Algérie depuis plus de vingt ans (derniers cas déclarés en 1996). Le but de ce travail est de rapporter les caractéristiques épidémiologiques et microbiologiques de cette épidémie.

Matériels et méthodes : durant la période aout-octobre 2018, nous avons reçu des prélèvements de selles à visée de diagnostic (n=502) ou de dépistage (n=283) ainsi que des souches pour confirmation (n=23 ; 12 malades et 11 porteurs sains) de différentes wilayas : Bouira, Blida, Alger, Tipaza, Ain Dèfla, Médéa et Oran. Six souches d’origine environnementale ont été également reçues. L’analyse bactériologique a été effectuée en utilisant les méthodes conventionnelles et/ou le test de diagnostic rapide (Crystal VC®). L’antibiogramme a été réalisé selon les recommandations du CLSI. La recherche du gène de la toxine cholérique par PCR conventionnelle et le typage moléculaire des souches par MLST ont été réalisés sur 7 souches (5 souches cliniques de l’épidémie, 1 souche clinique, isolée en 1992 et 1 souche environnementale, isolée des eaux usées de l’Oued Beni Azza de Blida).

Résultats : parmi les échantillons cliniques reçus (n= 808), 118 (14,60%) étaient positifs. Sur les 515 malades, 89 (17,28%) étaient confirmés, dont 42 (49,44%) cas originaires de Blida. Le dépistage a permis de confirmer 29/293 (9,90%) porteurs sains. L’âge des patients variait entre 2 mois à 84 ans avec un âge moyen de 33 ans. Le sexe ratio était de 0,85 avec une légère prédominance féminine. Quatre décès ont été notifiés. Les souches appartenaient à l’espèce Vibrio cholerae biotype el tor sérotype Ogawa et présentaient le même antibiotype avec une résistance aux aminopénicillines, à l’acide nalidixique et au cotrimoxazole. Parmi les souches environnementales reçues pour confirmation (n=06), 3 étaient des souches de V. cholerae biotype el tor sérotype Ogawa de même antibiotype que les souches cliniques, isolées principalement d’eaux usées et 03 étaient des souches de V. cholerae non O1 et non O139, isolées principalement d’eaux de sources publiques captées. Les souches cliniques testées possédaient le gène de la toxine cholérique. La MLST a permis de révéler la présence d’un même génotype circulant dans toutes les wilayas et qui était identique à celui circulant en 1992. Le génotype de la souche d’origine environnementale était également identique au génotype des souches cliniques.

Conclusion : bien que cette épidémie reste d’ampleur limitée, ce retour alarmant, signe un recul dans les actions menées dans la lutte contre les maladies à transmission hydrique. Le typage moléculaire a permis de conclure qu’il s’agissait d’une souche autochtone. La même souche a été isolée au niveau de l’Oued Beni Azza, cependant, il est difficile de confirmer la source de contamination, sachant que l’eau n’était pas utilisée pour la consommation humaine. Pour maintenir le contrôle de cette maladie à déclaration obligatoire, la surveillance, le maintien des actions établies et le renforcement de la vigilance, notamment des collectivités locales doivent être poursuivis sans relâche.

 

Épidémie de choléra en Algérie en 2018

AUTEUR

Dr. BENAMROUCHE Nabila

Responsable du laboratoire des entérobactéries à l'institut Pasteur d'Algérie

Société Algérienne de Microbiologie Clinique

institut pasteur d'alger , 2019-06-20 jusqu'a 2019-06-20

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